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« Flying doctors » : une liaison aérienne pour lutter contre la désertification médicale

Aux grands maux les grands remèdes. Pour faire face à la pénurie de médecins dans la Nièvre, le maire de Nevers a décidé de mettre en place un pont aérien médical. Cette liaison avec le CHU de Dijon est destinée à faire venir des professionnels de santé de manière hebdomadaire au Centre Hospitalier de l’agglomération de Nevers. Vivement critiquée par les écologistes, l'initiative Flying doctors s'appuie pourtant sur des arguments solides afin de faire face aux besoins de la population confrontée à la désertification médicale.
Publié le 29 juin 2023

Ce pont aérien pour lutter contre les déserts médicaux est une première nationale

Le maire de Nevers, Denis Thuriot, a fait l’annonce de ce projet pour le moins particulier en novembre 2022.

« C’est pour le moment la seule réponse à la désertification médicale » qu’il ait pu trouver a-t-il précisé.

En effet, le Centre hospitalier de Nevers se trouve en sous-effectif de manière chronique. Il manque régulièrement entre 20 et 50 médecins ainsi que 10 à 35 infirmières. Pour faire face à cette pénurie de personnel, Denis Thuriot a décidé d’innover et de persévérer malgré un accueil très controversé de son initiative.

Comptant sur le rattachement administratif de l’hôpital de Nevers à celui du CHU de Dijon, il fallait simplement supprimer le problème du temps de trajet pour faire venir des soignants dijonnais régulièrement.

Avec un calendrier initialement prévu pour le printemps, la première rotation des flying doctors a finalement eu lieu le 26 janvier, face à l’engouement des médecins du CHU de Dijon.

Ce jour-là, ils étaient huit professionnels de santé volontaires à expérimenter cette liaison aérienne pour rejoindre Nevers en 35 minutes afin d’assurer une journée de consultation. Une cardiologue, un pneumologue, une spécialiste de chirurgie maxillo-faciale, deux généralistes, un orthopédiste, une médecin nucléaire et un gynécologue-obstétricien dont « les carnets de rendez-vous étaient pleins » a souligné Denis Thuriot.

Une équation complexe entre santé publique et écologie

Cette mesure n’a pas été bien accueillie par tous, autant du côté des habitants que des conseillers municipaux. Les désaccords se situent bien évidemment sur l’impact écologique, mais aussi sur le coût de ce pont aérien, surtout s’il devait devenir régulier.

Pourtant, il s’agit là d’une situation complexe. En effet, pour relier Nevers à Dijon, il y a presque 3 heures de route et en moyenne 2 heures 15 de trajet en train. Si ce ne sont pas les spécialistes qui se déplacent à l’hôpital Pierre Bérégovoy, ce sont les patients qui rejoignent individuellement le CHU de Dijon. La liaison aérienne a alors pour effet de réduire les trajets en voiture. Quant au train, la ligne entre les deux agglomérations est amenée à subir des travaux pendant plus de six mois, entraînant d’importantes fermetures de tronçons.

Le maire de Nevers estime que cette polémique autour de l’avion-bashing n’a pas lieu d’être, notamment puisque « des avions décollent tous les matins avec des hommes d’affaires et on n’entend personne ».

Au sujet du coût, Denis Thuriot, également Président du conseil d'administration de l'hôpital, souligne que le pont aérien pourrait en réalité permettre à l’établissement de faire des économies. Le prix d’un aller-retour par passager, environ 670 €, étant bien moins élevé qu’une journée de remplacement effectuée par un médecin intérimaire, autour de 3 000 €.

Wilfrid Séjeau, Vice-président du parti Europe Ecologie Les Verts (EELV) s’exprime ainsi sur le sujet : « Si cette solution se révèle vraiment efficace, je suis prêt à l’accepter », car il « ne faut pas opposer l’écologie à la santé publique ».